Pourquoi je ne cours pas de marathons

Bonjour à tous mes hommes et femmes des cavernes préférés! Vincent qui vous écrit.

La belle saison rime avec barbecues (de la viande! Yesss), du beau soleil (Bronzer! Vitamine D! Yesss) mais également avec l’entraînement dehors, spécialement la course à pied. C’est difficile d’aller se chercher une livre de beurre au dépanneur sans croiser tous ces joggeurs, dont certains ressemblent à des libellules grâce à leurs vêtements multicolores et leurs lunettes de course stylisées. Certains s’entraînent pour la beauté de la chose (ce qui est noble), d’autres pour des courses. D’aucun vont même vous affirmer en vous regardant droit dans l’oeil, « Je vais courir un marathon ». Et si on leur demande pourquoi, une réponse revenant souvent : « Je le fais pour ma santé! »

Pour la santé? Connaissez-vous l’histoire mythologique de la provenance du marathon? Elle provient de la Grèce Antique. Il s’agit d’un messager partant de la ville de Marathon pour se rendre à Athènes afin d’avertir les Athéniens que l’armée perse arrivait. La distance entre les deux villes est de 42.2 km, soit celle d’un marathon moderne. Notre messager se rendit à Athènes, donna son message, et que fit-il? Il mourut.

Mais rappelez-vous, on court pour sa santé.

Trêve de plaisanteries. Je ne courrai pas de marathons dans ma vie, c’est un fait que j’ai accepté. Ce n’est pas tant parce que c’est désagréable durant les 3, 4 ou 5 heures que cela dure, mais que cela pourrait être contreproductif au niveau de ma santé. La préparation pour un marathon est relativement « simple » – il faut courir à très grand volume, c’est à dire enregistrer des grandes quantités de temps et de distance et s’entraîner possiblement jusqu’à six, peut-être même sept jours par semaine. C’est de l’entraînement cardiovasculaire continu, que l’on pourrait également appeller « chronique ».

L’exercice, qu’il soit du cardio ou de la musculation, entraîne une réponse inflammatoire – c’est un réflexe normal, car notre corps a subi un stress et c’est le signal qu’il faut l’entretenir et le réparer (Parenthèse : c’est pourquoi on ne suggère pas de consommer des anti-inflammatoires comme de l’ibuprofène après l’entraînement, car on coupe le stimulus inflammatoire, et donc la réponse adaptative). Que pensez-vous qu’il arrive si l’on s’entraîne de la même façon à tous les jours de la semaine, sans repos? La réponse inflammatoire s’accumule, ce qui peut entraîner des blessures d’usure.

Je vous ai également dit que le corps réagit à un « stress » – l’hormone du stress est le cortisol. Cette hormone, lorsqu’on observe qu’elle est élevée chez quelqu’un, est corrélée à du sommeil de mauvaise qualité, une baisse de régime du système immunitaire, la rétention de gras et le maintien de l’inflammation. L’entraînement continuel entraîne un cycle d’inflammation qui ne permet pas au corps d’avoir un rythme de cortisol normal.

Ce qui vous a probablement le plus accroché est « la rétention de gras ». L’exercice cardiovasculaire continu n’est pas un moyen optimal de perdre du poids en tant que tel – la dépense calorique est présente, mais elle est souvent compensée par une collation supplémentaire et / ou par un ralentissement des activités pour le reste de la journée (ce qui diminue le métabolisme et vient annuler les dépenses de l’exercice). Notre corps a également tendance à « s’habituer » à l’effort, par exemple en adaptant ses hormones pour se rendre plus efficace à brûler des gras. Dans le cas d’un athlète de performance, il s’agit d’une excellente nouvelle : cela signifie qu’il va dépenser un minimum d’énergie pour un maximum d’efficacité. Pour quelqu’un qui tente du perdre du poids, c’est une moins bonne nouvelle : notre corps brûle moins de calories pour arriver au même résultat…

Le dernier aspect de la santé qui pourrait être malmené par l’entraînement cardiovasculaire chronique est la santé cardiaque. Une étude a étudié des coureurs de marathon et un groupe contrôle d’au-dessus de 50 ans. Au niveau de l’âge, la calcification artérielle était similaire. Cependant, chez des participants de contrôle et des marathoniens ayant le même indice de risque au niveau du test de Framingham (facteurs de risque des maladies du coeur), il a été révélé que les marathoniens avaient une calcification supérieure des artères du coeur, ce qui les place en position de vulnérabilité par rapport à l’incidence de maladies du coeur.

Je ne suis pas en train de vous suggérer de ne plus courir. Ce serait même hypocrite de ma part de vous dire cela, car cet été je me suis inscrit à 4 courses, mais de 5, 12, 7 et 10 km respectivement. Je vous suggère plutôt de diminuer la fréquence de vos séances d’entraînement cardiovasculaire continu d’intensité moyenne-élevée pour faire quelques séances d’entraînement intense par semaine, et de boucher les trous avec des activités ou vous bougez sans nécessairement être à bout de souffle pendant deux heures – une bonne marche, jardiner, faire un tour de vélo en toute tranquillité, alouette!

Au courant des prochaines semaines, on abordera également le sujet de la musculation et de la pertinence de cette activité dans un mode de vie actif.

D’ici là, prenez soin de vous – et renouez avec le plaisir de bouger, pas l’obligation de s’entraîner.

-Vincent



Catégories :Exercice

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5 réponses

  1. Bon, je n’aurai pas besoin d’écrire sur les marathons. Très bon article Vince!

  2. Très bien. J ai une amie qui cours le marathons, qd je lui demande pourquoi, la réponse n est jamais évidente. Mais soyons clair, les personnes qui courent le marathon le font par besoin quasi obsessionnel de se raccrocher à un objectif qui utilise le corps au maximum ds une bataille contre son propre psychisme. Comme disais Mulder, la vérité du marathonman est ailleurs…………que ds la santé. Mais dans une dualité souffrance/plaisir

  3. Sans être un adepte des marathons et de l’exercice cardiovasculaire long et continu, je suis surpris qu’il ne soit pas plus appuyé par les fans du « paléo » puisque c’est extrèmement paléo comme type d’exercice physique. On croit de plus en plus que le « persistance hunting » est une des grandes techniques de chasse qui a permis à l’homme de s’alimenter de viande. Or, cette technique consiste grosso modo à courir après un animal jusqu’à ce qu’il s’effondre de fatigue pour ensuite l’abattre. Cette technique fonctionne bien puisque la capacité de courir sur des longues distances est un des seuls avantages physique que nous avons sur les autres animaux (cet avantage est dû à notre capacité de sudation, à la moins grande dépense énergétique de la course à 2 pattes vs 4 pattes et à la possibilité que nous avons de transporter de l’eau avec nous pour s’abreuver sans devoir prendre une longue pause).

    Bref, l’argumentaire pour défendre la valeur de la course continue d’intensité moyenne est le même que celui pour défendre la diète paléo, ça m’étonne toujours de voir que les adeptes du paléo ne soient pas davantage en faveur de ce genre d’exercice.

    • Salut Alexandre – tu amènes un bon point et nous ne sommes pas contre l’exercice cardiovasculaire, mais contre l’excès d’exercice cardiovasculaire.

      Cette étude décrit que des athlètes d’endurance vétérans peuvent avoir un remodelage cardiaque défavorable, causant peut-être de l’arythmie : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/22953596

      Tu pourrais également écouter le vidéo de l’AHS 2012 d’un des auteurs de l’étude : http://www.youtube.com/watch?v=SucuI1BwHrk&feature=youtube_gdata

      Les chasseurs-cueilleurs ne courraient pas après leur nourriture à chaque jour, mais une fois à quelques jours d’intervalles.

      Bref, nous ne sommes pas anti-cardiovasculaire! Nous vantions même ses mérites dans une de nos capsules : http://www.youtube.com/watch?v=_ha4dsqm0Iw. Mais l’abus d’exercice cardiovasculaire est néfaste.

      À noter que certains auteurs paléo sont carrément anti-course et n’y voient pas de bénéfice réél… nommons Kiefer, l’auteur de Carb Nite : http://athlete.io/5343/. Il a une opinion certainement plus arrêtée que la notre, mais qui est intéressante et appuyée scientifiquement.

Rétroliens

  1. Le monde d’Arnold | Paléo Québec

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